L’association des Français d’origine arménienne et de leurs amis dans le grand Ouest de la Bretagne aux pays de Loire
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Histoire, par Gérard Bossiére. 2e partie
Dans l’empire russe comme dans l’empire ottoman ce sont les classes aisées et dynamiques qui sont les instigateurs
de la Renaissance arménienne (Veratzenoutioun). En 1789 se créé, dans la cour de l’église de Koum Kapou,
(Constantinople) le premier élément d’un réseau scolaire arménien laïc qui tout au long du 19ème va essaimer. La
presse qui se développe va véhiculer les idées de démocratisation, de liberté, pour les appliquer aux institutions
arméniennes, mais ce n’est pas le cas dans les provinces orientales. C’est alors que s’élabore la Constitution nationale
les Tanzimat ayant établi l’égalité entre musulmans et non-musulmans. A la fin du siècle les 250 000 arméniens de
Constantinople constituent une « capitale » nationale.
Les Arméniens se trouvent en avance culturelle et ne supportent plus, en particulier dans les provinces orientales,
les exactions et l’insécurité des provinces, depuis l’indépendance de la Grèce (1830) les populations chrétiennes sont en
effervescence. Le traité de San Stéfano (03/03/1878) vise à garantir leur sécurité sous contrôle russe. Mais les russes vont
devoir évacuer ce qui va entraîner une migration importante des arméniens vers le Caucase. Pour la première fois la «
question arménienne » a été à l’ordre du jour d’un traité international. Mais les puissances européennes vont se
désintéresser du problème au moment où Abdul Hamid considère que l’Arménie doit être éliminée par peur de la voir
devenir indépendante comme la Bulgarie. A cette époque se constituent les terribles régiments de cavalerie kurde les
hamidyé qui font régner la terreur.
Face aux revendications de réformes et à quelques insurrections paysannes antikurdes et antifiscales ce sont les
massacres systématiques hamidiens (1894-96) : 200 000 à 300 000 morts, 100 000 réfugiés en Transcaucasie, 50 000
orphelins, plus rapts, viols, conversions forcées, destructions d’écoles, d’église, ruine économique, famine… Les
puissances occidentales font des « protestations énergiques » contre la politique du « Grand Saigneur »! Des intellectuels
s’exilent c’est une première vague d’émigration.
26 août 1896 occupation de la Banque ottomane
Le mouvement révolutionnaire arménien se transfère en Russie mais les écoles seront fermées (1885), les activités
des sociétés de bienfaisance limitée (1900), confiscation des biens de l’église (1903) ce qui va entraîner une spirale
agression répression. Des pogroms anti- arméniens se produisent à Bakou (février 1905), la première révolution russe
est particulièrement sanglante au Caucase. Le Dachnackoutsioun, en 1907 associe défense du paysan anatolien et celle
des ouvriers du Caucase. Il fait son entrée dans la 2ème Internationale, c’est le premier parti de l’empire ottoman qui y
soit admis.
Depuis longtemps ils étaient en relation avec les « Jeunes Turcs » en juillet 1908 lorsque la Constitution de 1876 est
rétablie, à l’initiative des membres du Comité Union et Progrès (CUP), ce sont de grandes manifestations de
fraternisation dans tout l’empire. Les Arméniens auront 10 élus sur 266 membres à la première Chambre du parlement
ottoman, et participent au gouvernement.
En 1909 les massacres d’Adana (25 à 30 000 morts) installent un climat de défiance et le CUP va monopoliser le
pouvoir tandis qu’un nationalisme turc élaboré par des idéologues turcs et des Azéris de Bakou va progressivement
remplacer l’ottomanisme (état mosaïque égalitaire).
Un plan d ‘application des réformes prévues par le congrès de Berlin (1878) est adopté par les Puissance le 1er
février 1914. La guerre va éclater peu après l’arrivée des deux inspecteurs chargés de la mise en place…