L’association des Français d’origine arménienne et de leurs amis dans le grand Ouest de la Bretagne aux pays de Loire    Musique, par Nicole Kasparian Roche.  LA MUSIQUE ARMENIENNE   Quelles que soient les fluctuations qu’elle ait subies en conséquence de l’Histoire, ( mouvements  politiques, sociaux, dispersion du peuple arménien dans le monde), la musique, et surtout le chant, a  toujours accompagné la vie de l’Arménien et joué un rôle irremplaçable dans la plupart des mouvements  sociaux et dans le forgeage de son identité nationale.  Chaque chant rappelle la condition sociale de l’arménien. La mélodie est parfaitement adaptée au texte, et  l’on y devine la vie quotidienne de chaque être : la douleur, le travail, l’amour, la spiritualité. Tous les évènements qui ont jalonné les 3000 ans d’existence de l’Arménie ont imprégné la chair de ce  peuple, et se sont exprimés à travers les textes et les mélodies, de manière particulièrement émouvante.  PRINCIPAUX  GENRES  PROPRES A LA MUSIQUE ARMENIENNE:  Le chant sacré arménien :  La liturgie arménienne, constituée dès le Vème siècle et codifiée dès le XIème siècle, s’est  développée parallèlement aux liturgies orthodoxe, grecque et russe, beaucoup mieux connues. Cet aspect  des Eglises d’Orient est important puisque, l’Arménie fut la première nation à adopter officiellement le  christianisme (301 après J.C).  La création de l’alphabet arménien par Mesrob MACHTOTS en 405 après J.C  permit la transmission des  textes liturgiques jusqu’à nos jours.  La musique religieuse arménienne provient principalement de deux manuscrits des IVème et Vème siècles  : Le Jamakirk ( ou Bréviaire ), qui rassemble les hymnes de la liturgie. Ses sources remontent à l’office  Syrien paléochrétien.      Le Charag’nots ( ou Rituel ), qui est la traduction du Lectionnaire de Jérusalem. Il rassemble les hymnes  chantés aux différentes fêtes de l’année.  Jusqu’au Xème siècle, le chant sacré arménien restera sobre, avec des mélodies syllabiques et des  textes proches de la doctrine.  Au Xème siècle, les hymnes commenceront à subir des modifications touchant aussi bien à leur contenu  qu’à leur structure : ils deviendront des oeuvres d’une grande richesse tant musicale que poétique.  Les grands noms de la spiritualité étaient autant des personnalités religieuses que temporelles ou  scientifiques comme : Movsès KHORENATSI ( Vème s.), Krikor NAREGATSI   ( Xème s.), Nèrcès CHNORHALI ( Xème s.) et bien d’autres.  Au cours des XIXème et XXème siècles, les hymnes seront harmonisés par Makar YEKMALIAN  (1856-1905), et par le Révérend Père KOMITAS (1869-1935). La musique paysanne (chants de travail, à danser, d’amour, d’exil):  La musique des époques lointaines de transmettait oralement. Elle était constituée principalement de  chants sans accompagnement instrumental. Le génocide du peuple arménien, au début du XXème siècle,  aurait pu les voir disparaître à jamais. C’est grâce aux notations par le révérend Père Komitas, de milliers  de chants et danses populaires, qu’elle nous est parvenue. Les chants dansés sont, en principe, rattachés à des rites, plus spécialement païens, qui furent adoptés par  la suite dans les traditions courantes, et intégrées aux fêtes chrétiennes.  L’air à danser, dominé par la rythmique, prit naturellement une importance prépondérante. Les paroles  n’étant pas essentielles, la mélodie passa sans effort aux instruments solistes. Danse, chant et instruments  étaient partout, et toujours présents: dans le temple, dans les foyers, au cours des funérailles, pendant les  fêtes. En Arménie, les danses s’exécutent, encore aujourd’hui, de diverses manières: femmes seules, hommes  seuls, femmes et hommes ensemble, les groupes de danseurs se déplaçant de gauche à droite, ou  inversement, par petits et grands pas qui s’accélèrent progressivement.  Le style des ménestrels :  Connu depuis l’antiquité, il d’épanouit parallèlement à la musique rustique et liturgique, au cours des Xème  et XIème siècles, époque de grand développement culturel en Arménie.  Sa particularité est le « dagh », ample poème chanté, improvisé, accompagné d’une musique riche et  colorée. Les ménestrels ( goussans ) étaient des artistes doués, à la fois poètes, chansonniers, conteurs de  fables, musiciens et compositeurs. Très souvent isolés, et quelquefois en groupes, les goussans allaient  dans les fêtes et les châteaux chanter leurs fabliaux pleins de sagesse. De véritables joutes poétiques et  musicales étaient organisées.   A partir du XVIème siècle, les achougs leurs succédèrent, composant des chants pouvant se rapporter à  des évènements historiques ou vanter les mérites de quelqu’un, le plus souvent la femme aimée. Ils se  réfèrent aussi à des thèmes moraux, des pensées philosophiques, des problèmes sociaux, et composent  parfois des critiques acerbes. Le plus célèbre des achoughs est Sayat Nova (XVIIème s.)  Une certaine parenté existe entre les écoles arméniennes d’achoughs, et celles de l’Orient   LES INSTRUMENTS: Les instruments qui accompagnaient les chants des achoughs, sont le kamantcha (sorte de violon qui se  tient verticalement, la pique sur la cuisse), le saz (instrument piriforme, à 6 cordes, porté en bandoulière), le  kanon (cythare à cordes pincées), le santour (cymballum en forme de trapèze, cordes frappées), le târ  (sorte de guitare à comportant de 5 à 14  cordes), le doudouk. (hautbois à tuyau cylindrique).  Jusqu’au XIXème siècle, les musiciens jouaient le plus souvent seuls, accompagnant leur chant.  Vers la fin du XIXème siècle, apparaissent peu à peu de petites formations de 3 ou 4 musiciens, le plus  souvent dehol (percussion cylindrique sur laquelle est tendue une peau d’animal), târ, kamantcha, doudouk.  Dans la période soviétique, l’écriture musicale pour orchestre se développe.  Au cours du XXème siècle, par analogie avec l’orchestre classique, de grandes formations se constituent,  ajoutant des instruments comme le kanon, le bambir (sorte de violoncelle), le shêvi (flûte à bec), l’oûd (luth).  Tous ces instruments étant largement répandus dans le monde oriental. LA MUSIQUE ARMENIENNE DU XXème SIECLE :  Aram KHATCHATOURIAN, Khatchadour AVEDISSIAN, Armen DIKRANIAN, Alexandre SPENDIARIAN,  Tatoul ALTOUNIAN,  en sont avec beaucoup d’autres, les figures marquantes. Tous ont apporté une  immense richesse au patrimoine musical arménien, composant opéras, œuvres pour chœurs et orchestres,  mélodies, pièces pour chorales.  LA MUSIQUE ARMENIENNE D’AUJOURD’HUI :  En Arménie, la musique arménienne est plus que jamais vivante, dans tous les genres.   Pour ne citer qu’une infime partie de ses représentants, en jazz, écoutons la chanteuse Datevik, ou le tout  jeune pianiste Tigran HAMASYAN, improvisant à merveille sur les mélodies ancestrales. Le chanteur de  variétés Tata soulève les foules. Le quintet de voix féminines « Luys » perpétue avec une grâce infinie et  une grande modernité, les chants sacrés et populaires.  En diaspora, le développement de la musique arménienne, entamé dès les premières années de l’exil,  continue, avec les influences des pays d’accueil. Au Canada, Isabel BAYRAKDARIAN interprète  magistralement les chants sacrés. En France, citons le groupe « Papiers d’Arménies », qui, dans ses  concerts à travers le monde, exprime toute la nostalgie arménienne.  Sahan ARZRUNI, aux Etats Unis, Sirvart KARAMANUK, sont, également des noms à retenir.    En France, depuis une vingtaine d’années, la musique arménienne est aussi pratiquée avec un grand  bonheur par des musiciens professionnels ou amateurs qui ne sont pas d’origine arménienne. Citons la  chorale « Canto mi », de Rennes, qui s’y consacre depuis plusieurs années, et qui vient de donner 3  concerts lors d’un séjour en Arménie ! Références: Préface d’Edouard MARDIROSSIAN au  Livre de chants  « Hayerk » de Levon TAVADJIAN (Ed à compte  d’auteur, à Villeurbanne) « Les origines de la Musique arménienne » de Sirvart KAZANDJIAN (Ed. Astrid)  LE BLOG NOIR ?
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